Une vague silencieuse

Une vague silencieuse

Nous poursuivons l’histoire de notre périple… Après avoir refermé la longue parenthèse d’Orléans et récupéré notre MobiSchtroumpf fin septembre, nous avons pris la route plein sud vers la Creuse…

Alors que notre système se grippe lentement mais sûrement, circule sur une route de plus en plus inégale et que le voyant de manque de (es)sens s’est mis à clignoter [voir note en fin d’article], une vague silencieuse d’individus en quête de cohérence s’est mise en mouvement. C’est de l’une de ces vaguelettes inspirantes que nous souhaitons vous parler dans cet article…

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Nous nous sommes mis en route le 25 septembre vers la Creuse et le nouveau lieu de vie de Chantal, Christophe et leurs quatre enfants âgés de 18 mois à 11 ans. Nous les avions rencontrés en 2012 lors de la préparation de la Conviviale 1.0, première fête des Initiatives de Transition. Christophe et d’autres avaient lancé quelques années auparavant « La Louvière en Transition », qui nous accueillait pour cet événement. Déjà à l’époque, ils nous avaient parlé de cette envie de davantage de cohérence et d’un retour vers la terre. C’est ici, en bordure du village de Chéniers dans la Creuse, au beau milieu de la France, qu’ils se sont installés en mars dernier pour réaliser leur rêve.

wpid-wp-1414932255191.jpegLe projet vise principalement à atteindre l’autonomie à travers une agriculture paysanne et familiale. Un des objectifs de Chantal et Christophe est d’essayer de se séparer de ce que la société moderne présente comme absolument indispensable à la vie et montrer que l’on peut vivre autrement.

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wpid-wp-1414931517583.jpegLes activités sur ce magnifique site vallonné d’une dizaine d’hectares sont principalement le maraîchage, mais ils développent également un verger et pratiquent le petit élevage (chèvres, lapins, poules, … et bientôt des cochons !).

Depuis ses origines, le projet se veut collectif. Avec l’arrivée d’amies bruxelloises au mois d’aout, ce sont désormais deux familles qui développent le lieu, avec du potentiel pour accueillir de nouveaux arrivants.

wpid-wp-1414932087244.jpegChristophe nous expliquait que l’envie, essentielle, de se tourner vers l’autonomie était à la base liée à un certain mal-être dans le système traditionnel et donc à une recherche de systèmes alternatifs. La disparition lente des ressources de la terre qui nous ont pourtant été « prêtées » commence à avoir des conséquences bien visibles.

« Bientôt, il faudra pouvoir se débrouiller avec beaucoup moins de ressources. Certains s’adaptent volontairement, comme Chantal et moi, mais d’autres se verront bientôt forcés de changer de style de vie, sans en avoir fait le choix et bien souvent sans avoir été préparés. » nous expliquait Christophe.

wpid-wp-1414932276489.jpegLa recherche d’autonomie se base sur les principes de permaculture en visant à long terme une autonomie complète. Ceci passe dans un premier temps par le fait de renourrir le sol qui a été asceptisé. Le travail avec les animaux permet par exemple de ramener la matière organique en surface pour ne plus devoir faire de labour et ainsi récupérer l’humus sur le sol. On retrouve une terre vivante et un respect des cycles naturels. « Quand on a commencé ici, il n’y avait plus de vers de terre; maintenant, ils sont de retour. Les cycles se remettent en place ! »
Un autre pilier pour obtenir un fonctionnement permacole est l’utilisation de semences paysannes et de vieilles variétés acclimatées, dont il faut apprendre à maîtriser la reproduction (culture de ses propres semences, greffage, …).

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wpid-wp-1414932052924.jpegDans la région de Chéniers, Christophe a découvert une vague silencieuse composée de nombreux « freelanders » qui agissent en marge du système. Ils cultivent et réaprennent à réellement travailler ensemble, ce qui de prime abord n’est pas une mince affaire. Ils pratiquent beaucoup le troc d’heures, de légumes, de savoir-faire,… tout est possible !

 

Pour Chantal et Christophe qui auraient souhaité à la base réaliser ce projet en Belgique, s’expatrier était le seul moyen d’accéder à des terrains abordables et réaliser leur rêve. « En Belgique, pour faire ce métier, il faut soit avoir beaucoup d’argent, soit être fils d’agriculteur, soit en tuer un. A La Louvière, il faut débourser environ 190.000 euros l’hectare. Il faut en vendre des légumes avant de rentabilitiser cet investissement ! Ici, nos 6 hectares de terrain, la maison et les granges nous ont couté 34.000 euros. Le calcul est vite fait… Ceci dit, ce projet reste un pari. Les habitants du coin ont souvent leur jardin et le cultivent – il faut donc se démarquer pour vendre des produits attractifs. Allez, il n’y a pas de raison que ça n’aille pas, nous sommes bien entourés… »

L'accès à l'eau n'est heureusement pas un problème dans cette région verte.

L’accès à l’eau n’est heureusement pas un problème dans cette région verte.

Tout au long des quelques jours passés à Chéniers, notre petite famille a été impressionnée par le travail réalisé par Chantal et Christophe depuis leur arrivée 6 mois plus tôt. La ferme (« exploitation » ne colle pas vraiment à leur philosophie) a l’air de fonctionner depuis plusieurs années ! La dimension familiale du projet est aussi inspirante: se lancer dans une telle aventure avec quatre enfants, en les aidant à trouver leur place dans ce nouvel environnement est un sacré défi qu’ils relèvent avec enthousiasme !

A Chéniers, on n’est plus dans les grands discours mais bien au coeur de l’action !

Encore un grand merci à Chantal et Christophe pour leur généreux accueil !

Gilles déguste un pastèque élevée avec amour à Chéniers

Gilles déguste un pastèque élevée avec amour à Chéniers

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Prenons du recul: Un monde en transition…

"What Crisis ?" de Supertramp sortait en 1975

« Crisis? What Crisis ? » de Supertramp sortait en 1975

L’impact de l’homme sur son environnement. On en entend régulièrement parler autour de nous, dans les médias, au bistro, jusque dans le programme de son parti politique favori. Depuis quelques décennies, nos sociétés modernes se sont tournées vers un développement insoutenable en dilapidant les ressources disponible sur terre, en détruisant la biodiversité et le climat, avec des impacts sociaux importants. Alors que les occasions de vraie prise de conscience ont été nombreuses (le film d’Al Gore sur le changement climatique est sorti il y a plus de 8 ans déjà), il est déprimant d’analyser les données scientifiques et constater à quel point nous n’avons pu prendre, ni individuellement ni collectivement, la mesure des crises qui s’annoncent et commencent à se manifester.

Cela nous semble trop difficile d’adapter nos modes de vie. Alors qu’intellectuellement, nous comprenons les changements de comportement qui feraient toute la différence, en pratique, nous en sommes très loin. En réaction au phénomène de dissonance cognitive, nous débranchons de temps en temps dans notre cerveau les câbles « responsabilité », « éthique », « conscience », … nous permettant ainsi de continuer notre rythme de vie habituel sans devoir gérer ces incohérences manifestes.

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Heureusement, nous avons été témoins ces dernières années de transformations heureuses, discrètes mais profondes, dans le style de vie de connaissances et de proches. Une vague silencieuse, comme l’explique ci-dessus Christophe, composée d’individus enthousiastes en quête de plus de cohérence et d’harmonie. Un mouvement de transition a vu le jour, avec des solutions positives et concrètes pour changer ensemble de cap !

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wpid-wp-1414934821616.jpegPetite promo pour la traduction française du dernier livre de Rob Hopkins qui vient d’être publié au Seuil « Ils changent le monde – 1001 initiatives de transition écologique » (« The power of just doing stuff » en anglais). Un petit bouquin super rénergisant qui présente de manière concrète cette Transition qui éclot un peu partout autour de nous. Il contient aussi une chouette préface de Olivier De Schutter. François a humblement (mais fièrement 😉 ) participé au collectif de traducteurs bénévoles…

 

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Il paraît qu’un article contenant une photo de chat a deux fois plus de chance d’être apprécié. Chiche, avec ce petit chat made in Chéniers 😉