Italia ! Nous y sommes arrivés le 12 mars, après plus de deux jours à bord d’un beau ferry reliant le Maroc à l’Italie, de Tanger à Livourne. Les enfants ont adoré la traversée dans les eaux méditerranéennes du Maroc, de l’Espagne, de la France et finalement d’Italie. En fin de voyage, Gilles à décidé qu’il fera le tour du monde en bateau, « un jour ».
Le contraste entre le Maroc et l’Italie était saisissant. Nous avons passé notre première nuit près d’un joli petit port à deux pas de Pise, où les yachts blinquants ressemblaient peu aux barques des pêcheurs marocains, où les pontons nickels étaient équipés de tout plein de robinets et de prises, et où il fallait disposer d’une carte à puces pour aller sur l’embarcadère et admirer les poissons… Quelques heures plus tard, nous étions déjà plus habitués à ces voitures modernes, ces églises aux cloches chantantes (son qui fait moins peur aux enfants que l’appel du Muezzin), les tenues « dévoilées » des italiennes et leur accent chantant !
Nous aurons laissé ainsi l’Italie se révéler petit à petit à nous durant presque deux mois. Mars et avril auront aussi été une période de joyeuses visites, avec Mélody, Antoine et Loïc dans le nord des Pouilles; Nicole et Louis un peu plus au sud des Pouilles; Julie, Olivier, Rose et Lucien en Sicile; et Bernadette également en Sicile. Quatre chouettes visites, chacune avec un rythme et une ambiance propre. Cela nous aura aussi bien rapprochés de la Belgique, avec les nouvelles des uns et des autres. Merci à tous, c’était super de vous retrouver et partager quelques chapitres de notre voyage avec vous !
Cela n’est pas vrai dans tous les pays, mais on a trouvé l’Italie très fidèle à ses clichés. Ce sont de loin les champions toutes catégories des pâtes, que ce soit dans tous les menus des restos ou dans les rayons immenses des magasins, mais aussi des pizzas succulentes et des glaces divines. L’Italie est aussi le pays de la beauté, sous toutes ses formes: villes, musées, oeuvres d’art, paysages, … Mais cela passe aussi par exemple par les tenues toujours « pico bello » des Italiens. Ils parlent beaucoup avec les mains, ce qui est pratique quand on ne maîtrise pas leur langue !
Nous avons adoré la vie sociale des Italiens, qui se retrouvent dès qu’ils le peuvent sur les places des villes et villages ou le long de la mer, pour fêter un vendredi, un samedi ou un dimanche ! Dans ces rassemblements, toutes les générations sont représentées: les ados à l’air désintéressés qui s’observent discrètement, les adultes qui papotent et rigolent très fort, les grands-parents qui gâtent leurs petits-enfants avec des glaces énormes… et tout ce beau monde hyper bien sapé, naturalmente. Quelle ambiance aussi le Vendredi saint, lorsque les habitants de Polignano a Mare se rendent en famille d’église en église et se saluent chaleureusement et bruyamment. Une vraie fête !
On a aussi découvert une Italie chaotique sur la route. Les Italiens ne semblent pas s’encombrer de règles (priorités, oubli du port de la ceinture pour la grande majorité dans le sud, téléphone au volant) et semblent vouloir affirmer leur virilité à chaque carrefour (ils ne font malheureusement pas le poids face à MobiSchtroumpf et François aux commandes 😉 ). Ajoutez à cela des nids de poule distribués allègrement, et nous en sommes arrivés à regretter les routes marocaines !
Les Italiens adorent la musique, et sur la route, nous avons souvent écouté la radio qui propose pleins de styles différents. On a même approfondi la musique « populaire » en ayant la bonne idée de passer une nuit sur un parking au bord de la plage de Marsala, en Sicile. Dès 23h, nous avons eu la surprise de découvrir que le petit bar discret se transformait en karaoké puissant. Comme dans toutes les villes du monde, nous avons eu droit aux grands classiques de la chanson populaire italienne, chantés par des interprètes enthousiastes mais passablement enivrés, supervisés par un DJ qui en rajoutait une couche en surchantant systématiquement les refrains… attitude qui poussait les interprètes stars à chanter encore plus fort ! Nous avons ainsi découvert que, si les chansons latinos contiennent à peu près toutes les mots « corazon » et « amor », le lexique des chansons italiennes et un peu plus développé: on a repéré pas mal de « Italia », « sogno », « mamma », « lacrima », …
Mémorable. Et nous sommes restés jusqu’au bout !
Vous verrez sur notre carte que durant ces deux mois, nous avons approfondi la Toscane, l’Ombrie, Rome, les Pouilles et la Sicile. Pour visualiser tout ça, rendez-vous dans notre section photos, mise à jour récemment. Vous y découvrirez les fumerolles de Vulcano et de l’Etna, les douces collines de Toscane, le passage des cloches de Pâques, les belles criques du Gargano, … mais aussi un duel Ferrari-Fiat, des anniversaires, des oliviers de 2500 ans, de l’art urbain à portée de tous et un lézard.
Après la traversée ce 5 mai de la mer Ionienne depuis Bari vers Patras, nous voici maintenant à la découverte de la Grèce ! Impressionnés par le voyage d’Ulysse, les enfants sont heureux de ne pas avoir encore croisé de cyclope, ni d’avoir dû affronter Charybde et Scylla dans le détroit de Messine… Ithaque serait-elle proche ?
Nous ne pouvions terminer cet article sans parler de toutes les personnes que nous avons croisées durant ce voyage et qui tentent de traverser la Méditerranée à la recherche d’un futur meilleur… Si à l’unif, il nous arrivait souvent d’entonner joyeusement la chanson « Clandestino » de Manu Chao (accompagnés par la guitare de François, de cloppes et d’un petit bac de jup’), les couplets prennent enfin tout leur sens. « Mi vida la deje entre Ceuta y Gibraltar » (trajet que nous avons fait en décembre, dans le sens inverse). Comment expliquer aux enfants les motivations et les rêves des personnes amassées derrière les hauts grillages du port de Tanger Med d’où nous embarquons pour continuer nos aventures ? Est-ce le Grand Schtroumpf qui a inventé la magie du petit livre bordeau qui nous permet de « passer les ports » en claquant des doigts ? Ensuite, en Sicile, comment leur expliquer le sort des milliers de (mal)heureux qui ont réussi à traverser la mer et arriver en Europe, entassés dans des centres d’accueil – alors qu’à quelques kilomètres de là, nous rions aux éclats dans notre bateau gonflable, flottant sur la mer turquoise sous le majestueux théâtre gréco-romain de Taormina ?
Nous n’avons pas pu leur expliquer. Juste leur décrire les faits et notre énorme sentiment d’impuissance. Mais d’explications, pour ces injustices desquelles nous sommes pleinement responsables collectivement, nous n’en avons pas trouvé…
Cette photo de Jose Palazon, du golf de Melilla (enclave espagnole au Maroc) illustre bien cette situation… inexplicable.
PS: Merci d’avance pour vos commentaires. Ceux des derniers articles nous ont vraiment fait plaisir, et bien fait marrer aussi. Vous êtes bons. Justes et bons.