Grèce: Hospitalité et simplicité

Grèce: Hospitalité et simplicité

« De tous les peuples au sud de la Gaule,
les Grecs sont les plus chaleureux. »

aurait déclaré Jules César… ou pas… il a certainement dû le penser ! Voici en tous cas de quoi le convaincre.

Le coup de blues

Notre premier contact avec la Grèce s’est fait par la mer. Bleue. Un bleu foncé, parfait, qui invite à se frotter les yeux pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une rêve. « Eh non les enfants, il paraît qu’elle est bien comme ça la mer ici… Bienvenue en Grèce ! »
Embarqués en début de soirée à Bari en Italie, nous découvrons ces nouveaux tons de bleus au petit matin, lorsque notre bateau se fraye un passage à travers une dizaine d’îles ioniennes jusqu’à Patras.

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Au menu de ces deux mois en Grèce: Péloponnèse, Attique, Pélion, Météores et enfin la région d’Igoumenista (la carte sera bientôt mise à jour). Dernière étape de notre aventure avant un retour volontairement direct vers Bruxelles, nous comptons capitaliser sur notre expérience de camping-caristes chevronnés pour profiter un maximum de ce beau pays. Plutôt que de faire le tour des « best-of » de Grèce, nous avons surtout envie de nous imprégner du pays et trouver quelques endroits où nous poser et savourer pleinement ces dernières semaines de voyage en famille. Et nous avons été servis ! Plages désertes, criques à la cerise, villages adorables, petits ports rustiques, sites antiques quasi sauvages, …
Saviez-vous que la Grèce est un des pays les plus montagneux d’Europe ? MobiSchtroumpf l’a bien assimilé en tous cas, et a continué à assurer comme une star. En une journée, nous passons de la mer à la montagne, repassons ensuite par une jolie crique pour finir sur un plateau sauvage à 500 mètres d’altitude. La Grèce est très sauvage, vaste et peu peuplée. Magique…

En toute simplicité, chez de chaleureux Grecs

Notre voyage à confirmé nos premières impressions ressenties à Patras: la Grèce est un pays cool, où la vie se déroule en toute simplicité.
En dehors des quelques grandes villes, vous ne trouverez pas de grandes infrastructures ni de grandes chaines commerciales. Vous circulerez sur des petites nationales sympathiques, ferez vos courses dans des petits commerces locaux et dégusterez des plats typiques dans des tavernas bien accueillantes. Bienvenue dans un monde à taille humaine.

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Pour compléter le tableau, ajoutez à cette simplicité l’hospitalité et la chaleur innée des Grecs. Un petit échange se transforme vite en discussion animée sur la Grèce, sur notre voyage, ou sur un endroit à ne pas louper. Les terrasses des tavernas sont toujours remplies de grecs sirotant avec quelques amis un bon frappé (café glacé) sur un groove relax. Où que l’on se gare pour passer la nuit, nous sommes toujours les bienvenus !

Pour illustrer cette simplicité, nous voulions vous parler d’Ελιασ (à prononcer Gedoefenheid pour ceux qui ne maitrisent pas l’alphabet grec). Situé dans le Péloponnèse, nous y avons passé une semaine dans un cadre idyllique à faire du camping sauvage (mais respectueux de la nature !) sous des pins le long d’une plage déserte de 5km. Nous avons profité de la mer, roulé à vélo, joué aux cartes mais aussi construit des cabanes, des jardins japonais et créé des oeuvres d’art à partir de coquillages, cailloux et pommes de pin. Figurez-vous que cet endroit magnifique est entretenu par des bénévoles d’une association qui s’occupe de tortues marines (elles viennent pondre leurs oeufs sur la plage au mois de juin). Inspirant !

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Envie de nous retrouver à Olympie, Athène, Affissios ou les Météores ? Rendez-vous dans la section photos ! Oups, on n’a pas encore pris le temps de mettre la section photos à jour… Patience !

Histoire et culture

Quelle aventure aussi de se promener sur le site originel des jeux Olympiques, pénétrer dans la grotte où Hermès a caché du bétail volé à Apollon, dormir sur la plage où Télémaque a rencontré Nestor pour avoir des nouvelles d’Ulysse, marcher sur les pas de Socrate dans l’Acropole, découvrir la terre des centaures, ces créatures mi-hommes mi-chevaux, ou encore se promener dans la ville des Argonautes.
Nous naviguons entre histoire et mythologie, sans chercher nécessairement à poser de frontière claire entre les deux. C’est réellement passionnant de voyager au coeur de cette terre de grands philosophes, berceau de la démocratie, qui a tant influencé nos cultures européennes.

En pleine crise

Tous les journaux en parlent abondamment (surtout au moment de publier cet article): le pays qui est en crise depuis 2008 et sous perfusion depuis lors, ne parvient pas à redresser la situation. La crise n’est cependant pas particulièrement visible aux premiers abords. « A voir le nombre de grecs partageant un frappé sur les terrasses et le luxe des yachts du port du Pirée, c’est à se demander s’ils sont vraiment en crise » nous confiait un couple de Français, gentiment naïfs, qui s’attendaient sans doute à trouver des mendiants à chaque coin de rue.
En premier lieu, c’est le nombre élevé des commerces fermés qui choque. Ensuite, ce n’est que petit à petit que l’on se rend compte de l’impact du taux très élevé de chômage (60% chez les jeunes) et du fait que le revenu moyen à baissé de 40% depuis le début de la crise. Invisible pour nous, par contre, l’impact désastreux des coupes sèches dans l’éducation ou la santé et le fait qu’un tiers de la population se retrouve désormais dans la pauvreté. Voici une petite infographie (click to enlarge) pour objectiver l’impact de cette crise et des mesures d’austérité!

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La majorité des Grecs avec qui nous avons discuté nous ont paru particulièrement lucides.
Non, même s’il est radicalement différent des majorités précédentes, le gouvernement actuel n’a pas de baguette magique et ne va pas pouvoir sortir rapidement le pays de la voie sans issue dans laquelle il se trouve. Oui, la Grèce a une grande responsabilité dans la crise (corruption très répandue, mauvaise gestion, …), mais ne mérite pas l’acharnement des rigolos du FMI et consorts. Syriza, le parti au pouvoir, a toute de même réussi à conserver jusqu’ici son quota de confiance: alors que d’immenses manifestations secouaient Athènes il y a un peu plus d’un an pour défier l’ancien gouvernement, les manifestants sortent aujourd’hui encore dans la rue, mais cette fois pour soutenir le gouvernement face aux pressions internationales. Certains Grecs qui soutiennent avec enthousiasme l’alternative que représente Syriza, sont très fiers d’être une inspiration pour le reste de l’Europe.

On nous explique que beaucoup d’employeurs profitent de la situation pour brader les salaires et les conditions d’emploi. Ils trouveront de toute façon toujours quelqu’un pour accepter leur offre, même si c’est pour un salaire dérisoire, sans aucune stabilité ni couverture sociale. On nous parle ainsi de nombreux travailleurs grecs illégaux… dans leur propre pays.

« Les choses iront peut-être mieux dans 3-4 ans » nous confiait sans grande conviction Maria, qui travaille dans un camping à Githios. « Les petites entreprises souffrent et n’arrivent plus à avoir de prêts pour se développer. On se serre les coudes et l’entraide est forte. Même si la vie continue tranquillement et nous vivons plutôt bien ici, mon angoisse concernant l’avenir se réveille de temps en temps car je ne vois pas comment les choses pourraient évoluer positivement. »
Suzanna, une Roumaine dynamique qui s’est installée il y a six ans à Athènes avec son mari grec nous parle d’un changement important qu’elle ressent dans la capitale depuis deux ans. « Beaucoup d’Athéniens sont partis vivre à la campagne, souvent dans le village de leurs parents ou grands-parents. Si c’est pour se retrouver sans emploi pour une durée indéterminée, autant que ce soit à la campagne où ils peuvent profiter du temps disponible pour cultiver, pêcher… créer ! » Comparé à nos régions, les savoir traditionnels semblent avoir mieux survécu et à côté de l’agriculture extensive, peu développée, il reste encore beaucoup de place pour une agriculture paysanne raisonnée. A la campagne, les ex-citadins retrouvent leurs copains d’enfance, qu’ils fréquentaient alors tout l’été. Les villages se repeuplent ainsi de néo-ruraux qui fuient les tentations inabordables de la ville pour une vie plus simple et plus digne.

Christos, fermier de Thessalie, nous explique que pour lui, les négociations internationales autour de la situation grecque font face à un obstacle culturel: « Les Grecs travaillent pour vivre, alors que les Allemands vivent pour travailler. Ces derniers ont du mal à accepter que nous tentions d’avoir une bonne vie, à côté du travail. »

Durant notre séjour en Grèce, nous avions envie de participer à un projet local pour encore mieux nous imprégner du pays, comme nous l’avons fait à plusieurs autres occasions durant ce voyage. Mais figurez vous que la quinzaine de projets contactés via la chouette plate-forme Workaway étaient déjà tous plein de bénévoles ! Nous n’avons donc finalement pas pu vivre dans l’un des nombreux laboratoires d’innovation sociale qui se multiplient en Grèce et qui pourraient bien déboucher sur des alternatives crédibles.

Après avoir visité cette année plusieurs pays du Sud de l’Europe, nous nous demandons parfois si ces pays à la « traîne », selon les standards économiques européens, ne se retrouveront pas finalement parmi les plus résilients…

L’avis des enfants

Pour clôturer cet article, Inès souhaitait vous informer qu’en Grèce, « parfois ils tronçonnent quand on déjeune et il y a des maisons avec une cabane dessus et aussi des ruches. Il y a tout plein de fleurs. »
Gilles trouve que c’est comme le Maroc car les gens sont super sympas et font très souvent des cadeaux aux enfants « et on voit aussi beaucoup d’ânes dans les villages. » De la Grèce, il aime particulièrement le soleil, l’Acropole faite en Légos (à voir dans le musée de l’Acropole), la pêche et les plages superbes.
Ah oui, Inès vous recommande aussi les glaces (recommandation qu’elle vous fera sans doute dans n’importe quel pays).

Bon, on doit filer là. On nous fait signe d’embarquer pour le bateau en direction de Venise. Yehaaaaa….

Yassas !

Yassas !

[Update du 28 juin: Les dernières nouvelles concernant les négociations entre la Troïka et la Grèce sont très mauvaises. Comme le résumé le Guardian: « Five years of wrenching austerity that have left many Greeks traumatised and pauperised are about to get a lot worse. »]